François Desplanches artisan vannier

Une série de 18 vanneries cylindriques destinées à servir de cache-pots m’a été commandée par un client italien au mois d’aout. Compte tenu des délais de réalisations assez courts et du volume de travail (le diamètre des plus grosses éléments était de 95 cm pour 90 cm de haut), les pièces ont été réalisées collectivement fin aout avec l’aide de Karen Gossart et Corentin Laval (oseraie de l’ile), qui ont également fourni la plus grande partie des matériaux, et de Tiane et Marc Cattet (la clairière aux paniers).

différentes étapes de réalisation des cylindres (photos oseraie de l’ile)

épluchage interne par Karen

le travail terminé, avec Corentin, Karen et Tiane (photo Marc Cattet)

Tout a commencé le dimanche 27 juillet avec le passage chez moi des amis vanniers écossais Catherine Davies et Pascal Carr, en transit vers le Sud de la Catalogne pour animer des stages de fabrication de creels  dans le cadre de la fira de les fibres vegetals de Mas de Barberans et participer au marché vannier. Catherine et Pascal se sont lancés depuis un an dans un incroyable projet de réinstallation - ils y ont déjà habité par le passé - sur l’ile de Eigg (Ecosse, Hébrides intérieures). Construction d’une maison d’habitation (petite), d’un atelier (grand), résoudre les questions de l’alimentation en eau et en énergie, implanter le jardin qui assurera l’essentiel de l’alimentation, maintenir et agrandir l’oseraie, le défi est immense. Etant donnée la durée du voyage de Eigg vers Mas de Barberans, Pascal a imaginé le concept étonnant de bac de trempage embarqué, qui s’avérera très efficace (photo) .

J’ai moi-même rallié Mas de Barberans quelques jours plus tard, pour le marché vannier des 02 et 03 août. C’est en arrivant sur place que j’ai appris le décès de Guy Barbier, vannier emblématique à qui je dois beaucoup.

J’étais également, en qualité de lauréat l’année précédente dans la catégorie vannerie traditionnelle, membre du jury du huitième internacional contest of plant fibres, concours de vannerie organisé en parallèle à l’évènement au Museu de la Pauma. Le jury était également composé de Tim Johnson, artiste de la fibre, lauréat l’année précédente en catégorie création, de Joan Farré, vannier catalan, et de Sefa Villalbi, professeur à l’Escola d’Art i Disseny (ESARDI, Amposta).

Dans la catégorie vannerie traditionnelle (12 pièces en compétition), c’est l’espagnol Jesus Quintero qui l’a emporté avec une grande manne en sparte d’une précision inégalable, tandis que Antonio Rodriguez était lauréat de la catégorie création (21 pièces présentées) avec mouvement, vannerie de palme à la fois simple, précise et touchante. J’ai été très impressionné par le travail d’osier du vannier espagnol Paco Trepat, qui a obtenu une mention spéciale dans la catégorie vannerie traditionnelle.

L’évènement était particulièrement riche puisque en préambule avait été organisé un chantier collectif à base de canne (photo) réunissant plusieurs des exposants du marché, et que le travail d’un an de résidence proposé par Monica Guilera et Tim Johnson dans le Parc Natural des Ports (les montagnes encadrant Mas de Barberans) et intitulé Ports i Mans, était inauguré au Museu de la Pauma. Ce travail fait également l’objet d’un site internet (Ports i Mans) qui permet d’en appréhender toute la richesse.

Le bac de trempage embarqué de Pascal

Vue partielle des travaux réalisés sur la place de Mas de Barberans par Josep Mercader, Carles Alcoy, Joan Farré, Alexandra Marks, Lore Wild, Monica Guilera et Tim Johnson

J’ai réalisé l’an dernier pour le compte du domaine viticole de Château Ferrière (Margaux, Gironde) quatorze abat jour de forme parabolique d’un peu moins d’un mètre de hauteur destinés à être placés dans les chais de vinification et la boutique du château. Ces travaux s’inscrivaient dans le cadre d’un programme de rénovation des chais sous la maitrise d’œuvre de l’atelier d’architecture Fabien Pédelaborde de Bordeaux, qui fait largement appel aux artisans locaux et aux beaux matériaux (voir également la page des séquences de fabrication sur ce même site pour des détails de construction)

les trois abat jour de la boutique de Château Ferrière (photos Fabien Pédelaborde)

Yoko Sakamaki est une journaliste et photographe japonaise qui a déjà écrit plusieurs livres autour des thèmes de l’artisanat, les jardins, ou l’art de vivre à la française. Ce dernier ouvrage présente l’activité d’une trentaine d’ateliers artisanaux français visités par Yoko, dont j’ai la joie de faire partie. La fin du livre, dont le titre français est l’art populaire dans une vie française (ISBN 978-4-7562-4468-0), est concacrée à quelques boutiques, essentiellement parisiennes, mettant en valeur l’artisanat, au premier rang desquelles La Tuile à Loup, où la belle vannerie est très appréciée.

Deux évènements particuliers émailleront mon programme de sorties de ce début d’année, ce sont:

• Les Rencontres autour du Saule de Bouxurulles (Vosges), dont il a déjà été question dans des articles précédents. Je participerai au marché vannier, pendant lequel je ferai des démonstrations de fabrication de baskodenns bretons, et animerai deux stages (activité un peu originale pour moi puisque j’ai axé tout mon travail sur la fabrication),
• Je serai présent le week end des 14 et 15 juin au musée de la vannerie de Villaines les Rochers (Indre et Loire) pour un atelier de démonstration et vente de vanneries. Merci à Joël Rouillé pour son invitation.

Le programme complet figure à la page des manifestations.

Cette période de printemps est toujours particulière lorsqu’on produit ses propres osiers, a fortiori sur une surface modérée; la récolte de l’année précédente n’étant pas encore sèche, seule la matière première des années antérieures est disponible, avec des manques inévitables dans certaines variétés ou certaines longueurs. Je profite souvent de ce délai de soudure pour valoriser des osiers que j’utilise moins spontanément, c’est à dire les très petites ou les très grandes longueurs. La première photo ci-dessous montre un lot de petites vanneries réalisées à partir d’osiers de 60 et 80 cm et de cimes provenant d’autres fabrications, la deuxième illustre trois pièces fabriquées avec des brins de 2,20 et 2,40 m. Je les associe en exposition avec des paniers produits à l’aide d’osiers intermédiaires (troisième photo).

Jeremy Brodbeck est un charpentier breton fascinant qui ne travaille qu’avec des outils manuels, depuis l’abattage des arbres, l’équarrissage, le dressage des pièces de charpente, jusqu’à leur assemblage. Il y a deux ans, il m’a demandé de fabriquer une hotte qui lui permettrait de transporter ses outils vers ses différents lieux de travail qui ne sont pas toujours facilement accessibles (voir éventuellement deux vues rapprochées de cette hotte en page “photos”, début 2012). J’ai reçu récemment un magnifique message accompagné d’une photographie dans lequel Jérémy me faisait part de la satisfaction que lui procurait l’usage de cet objet. Les vanneries destinées à un travail intensif doivent combiner ergonomie, solidité, sans nuire à l’esthétique, et les messages de retour d’expérience sont toujours les bienvenus en même temps qu’ils constituent pour moi une inégalable source de motivation.

Le stage de vannerie à montants écaffés proposé dans le cadre des Rencontres autour du Saule de Bouxurulles (Vosges) étant aujourd’hui complet, Valérie Testu et l’équipe d’organisation des Rencontres ont accepté ma proposition d’organiser un deuxième stage les lundi et mardi 02 et 03 juin 2014, après le marché vannier du week end.

Ce stage portera sur la fabrication de baskodenns, paniers du Sud-Finistère, dont il est souvent question sur ce site. Le premier jour sera en partie consacré à la fabrication du gabarit (conservé par les participants), et le second au tressage d’un baskodenn traditionnel clôturé en larges éclisses d’osier (diamètre maximal 30 cm). Les formalités d’inscriptions sont précisées sur le site des Rencontres, il est également possible de me contacter directement pour plus d’informations.

Je participerai par ailleurs le vendredi 30 mai, après la clôture des stages, et avec d’autres intervenants des Rencontres, à une table ronde informelle et participative sur le thème du métier de vannier aujourd’hui. Le programme complet de l’évènement est aujourd’hui arrêté et peut être consulté sur le site.

J’utilise pour la coupe de l’osier une serpette robuste échangée il y a quelques années avec le vannier Pascal Charrondière. Le geste utilisé est une percussion posée, efficace y compris pour les brins de gros diamètres, si l’on prend soin de maintenir le tranchant de la lame très régulièrement.

Il y a deux ans, Patrick Lambert m’a transmis un lien vers une vidéo montrant Michel Bruzeau, vannier du Nord de la France, utilisant un outil beaucoup plus lourd doté d’un manche déporté et mu par un geste de percussion lancée particulièrement efficace. On peut également y apprécier le grand savoir-faire de ce vannier au travail dans son atelier. Si je n’adhère pas à son discours pessimiste sur le métier, j’aime beaucoup sa manière de parler de l’osier au féminin.

http://ecolo-bio-nature.blogspot.fr/2012/02/savoir-faire-artisanal-vannier.html

J’ai largement consacré ces dernières semaines à la réalisation de cette série de 99 paniers commandée par une société japonaise. D’une manière générale, j’adore les fabrications en séries. La répétition n’a je trouve rien à voir avec la monotonie, c’est au contraire rencontrer progressivement toutes les petites difficultés inhérentes à la fabrication d’une pièce et tenter de leur apporter des réponses simples et élégantes, c’est également mieux comprendre et valoriser son matériau et s’attacher à faire évoluer ses gestes dans le sens d’une plus grande fluidité. L’exercice n’est ni facile ni réussi tous les jours mais demeure passionnant.

Joyeuses fêtes de fin d’année et MERCI à tous ceux qui par leur soutien, leurs compliments ou leurs achats de 1 ou 99 vanneries ont permis que l’année écoulée soit une nouvelle réussite.

99 baskets ordered by a japanese company

Les quatrièmes rencontres autour du saule se tiendront à Bouxurulles du 29 mai au 01 juin 2014. J’avais participé à la première édition en 2011 qui avait marqué les esprits (voir article plus ancien), et me fais une joie de revenir dans les Vosges. Comme les années précédentes, les Rencontres  combineront un marché vannier, un ensemble de stages, animations et tables rondes. A l’appel de Valérie Testu, je m’y rendrai avec mes paniers et animerai un stage de vannerie écaffée qui sera l’occasion de moments de partage autour de quelques unes de mes suggestions: géométrie des points de clôture, contrôle de la forme, gestuelle et technique de bordure, travail sur les poignées. Si ce stage vous intéresse, contacter Valérie Testu par le biais du site des Rencontres; vous pouvez également me contacter pour me permettre de le préparer le mieux possible.

Les quatrièmes Rencontres autour du Saule à Bouxurulles du 29 mai au 1er juin 2014